Sapristi de bon sang de bonsoir !!!

Alors que tranquillement je m'engage dans le premier rond-point de mon trajet-retour-travail-maison, j'entends un énorme coup de klaxon.
Tu sais (tu permets , lecteur, ce soir je te tutoie)le genre de coup de klaxon qui te fait super peur parce que tu te demandes sur qui tu roules, si, si, je sais que tu vois de quel genre d'appel sonore je veux parler.

J'ai à peine le temps de tourner la tête que j'entends (plus de 20°, j'ai la fenêtre ouverte et lui aussi) violemment prononcé :
- "pétassse !!! tu ne t'excuses même pas, sale p---"
Je l'ai pris de plein fouet, ce fut blessant, trop violent et surtout totalement injustifié, tellement il est arrivé vite sur ce rond-point.
Il a surgi.... et rugi !!!!

Il y a 20 ans de ça,sur mon petit scooter, j'aurais fait demi-tour sur ce rond-point pour le suivre jusqu'à son prochain arrêt et lui rendre la monnaie verbale de sa pièce (au risque de m'en prendre une au passage d'ailleurs)

Il y a 15 ans, j'aurais sorti un doigt explicite par la fenêtre en hurlant de très belles répliques (avec le risque que ce soit lui qui fasse demi-tour pour m'en mettre une)

Il y a 10 ans, j'aurais versé quelques larmes de dépit en l'insultant toute seule dans ma voiture (après avoir refermé la fenêtre pour être certaine de ne pas être entendue)

Et ce soir, j'ai continué ma route, gardé la fenêtre ouverte, monté le son de la radio et ................

Et puis c'est tout !!!!

N'est-ce pas que je me bonifie avec l'âge, non ?

Est-on jamais guéri ?

Je crois qu'il existe des blessures que rien ne peut jamais vraiment effacer.
On a beau dire que le temps fait une œuvre fabuleuse sur bien des plaies, je reste convaincue que, de certaines, on ne se relève pas vraiment...Ou alors, tellement différente, comme atrophiée (arrêt de développement, affaiblissement).

Oui, tout est là, dans cette simple définition.
Bien sûr que pendant ces dernières années, j'ai évolué (j'ai même participé activement au développement des ventes de Magnum et Häagen-Dazs, c'est dire !!!).
J'ai vieilli dans mon corps, grandi dans mon âme. Je me sens plus sereine avec moi-même et surtout plus lucide.
Et c'est d'ailleurs pour ça que je peux affirmer aujourd'hui que l'on ne se relève pas toujours de certaines humiliations.
Mon petit cœur fut piétiné, au sens premier du terme et tout mon être en fut affaibli au point de ne plus être capable aujourd'hui de savoir ce qu'est l'amour.
Non pas l'amour des siens (ma douce enfant, ma famille, mes amis)mais l'amour de l'autre.
Celui qui fait de vous une autre.

Et il suffit de si peu pour vous faire retomber dans les abîmes de ce mal.
Au détour d'une phrase, anodine.....

Il est tout de même étrange de se savoir si affaiblie par cette épreuve et pourtant si forte de l'avoir traversée.

C'était donc la minute nostalgique de ce dimanche pluvieux.